PIERRE LIEBAERT
JE CROIS AUX NUITS
Pierre Liebaert (Mons, 1990) nourrit depuis toujours une fascination pour le folklore, les rituels et le sacré. Actif chaque année comme tambour lorsque le Doudou embrase sa ville natale, il a également rejoint depuis peu la gilde des arbalétriers de Saint-Georges à Bruxelles. Cet appétit ne se dément pas dans sa pratique artistique.
Dans cet esprit, il s’invite depuis plusieurs années dans les fêtes carnavalesques de toute l’Europe. Il prend part — et goût — à ces festivités cathartiques où s’exaltent les pulsions et se rejouent des tensions ancestrales. Marqués par le retournement, l’outrance et l’ivresse, ces rites marquent le passage vers un nouveau cycle, une saison ou un autre âge de la vie.
Ce faisant, ils offrent aux communautés l’occasion de redessiner collectivement leurs origines, leurs contours identitaires ainsi que leur inscription dans un écosystème plus vaste, naturel et cosmique.
Sur place, Pierre Liebaert se mêle à la liesse en se laissant contaminer par la fièvre ambiante. Son regard ne cherche pas l’exotisme, mais bien le contact avec un sentiment archaïque, universel, et puissant, enfoui dans les recoins obscurs de l’âme. Celui qui fait naître les effrayants Krampus du Tyrol, les pailhasses du Sud de la France et autres figures démoniaques ou grotesques. En y plongeant tête la première, le photographe nous restitue ce monde brut de l’intérieur. Par ce geste, il nous tend un miroir, difforme, sauvage, mais fondamentalement humain. Et il parvient à capter cet instant rare où, de l’ombre, surgit la grâce.