LIONEL JUSSERET

KOLOSTRUM

Lionel Jusseret (Tournai, 1989) développe depuis plus de dix ans une pratique photographique qui relève, pour chaque série, d’une immersion presque totale.

Sa nouvelle série, Kolostrum, a vu le jour dans le cadre de la résidence artistique Le Champ des Impossibles, réalisée en Normandie. Pendant deux ans, il a évolué au sein de différentes familles d’éleveurs. Ces exploitations, à mi-chemin entre petites fermes autonomes et industrie agroalimentaire, témoignent d’un monde aujourd’hui en mutation, fragilisé par la désaffection croissante de la profession. Et pour cause, ces métiers victimes d’aprioris associés à la maltraitance animale et à la pollution quand ils ne sont pas romantisés à outrance, souffrent d’une méconnaissance généralisée.

Selon le photographe, le fossé entre consommateur et producteur n’a même jamais été aussi important qu’aujourd’hui. Preuve en est par le dégoût que suscite l’évocation de matières brutes, primales, essentielles comme le placenta ou le colostrum – nom du premier lait maternel. Et, plus généralement, à tout ce qui renvoie à la crudité de notre réalité organique et, par extension, à notre condition mortelle. Occultée dans nos sociétés urbaines, cette réalité de fluides, de chair et de sang demeure en revanche bien présente dans le monde paysan. Un monde viscéralement lié à la terre et aux bêtes. Et dont la survie se fonde sur l’entraide, la communauté et la famille, qui partage au coude à coude la charge du quotidien.

 

Avec le soutien de AM ART Films, de la Fédération Wallonie-Bruxelles et d’Art culture and co