Vers Tharoul et Bagatelle
A la capitulation le 28 mai 1940, des officiers et sous-officiers belges créent la « Légion Belge » pour résister à l’occupant. Elle portera le nom d’Armée Secrète le 1er juillet 1944. La Belgique est alors divisée en 5 zones, chaque zone en secteurs, chaque secteur en groupes et chaque groupe en sections ou compagnies. La « BALEINE », zone 5, secteur 3, groupe 1 est l’une des plaines de parachutage pour les armes, les munitions et les équipements. Tout commencera le 28 août 1944 lorsque les sections de Bagatelle sont mobilisées et le 1er septembre, date à laquelle les maquisards prennent position de combat autour de la plaine entre Vyle-Tharoul et Pailhe.
« Dans notre zone 5, secteur 3 du maquis de Bagatelle, nous avions besoin de matériel, de munitions qui nous étaient parachutés. Le terrain n’était pas près d’une unité de défense aérienne, il était peu visible et près de l’emplacement d’entreposage. Le parachutage avait lieu de nuit, par pleine lune et était annoncé vers 19 heures dans les émissions de la BBC destinées à la Belgique, sous forme de phrases codées. Pour nous, c’était « la baleine allaite ses petits ». A ce moment, le comité de « réception » se rendait sur place. Dès le contact visuel avec l’avion, 3 lampes rouges et une blanche étaient allumées et le contact radio était établi. C’est ainsi que 12 à 18 containers contenant des armes et du matériel étaient largués. »
G.N. (résistant) extrait de « Reçu 5 sur 5 » du Centre régional d’Entr’Âges à Amay.
Des nombreux accrochages auront lieu avec l’armée allemande et feront 13 morts du côté des maquisards. Ils sont commémorés chaque année par la Commune de Marchin.
Source : Chemin de la mémoire, Syndicat d’Initiative « Entre Eaux & Châteaux », promenade balisée de 9km au départ de l’ancien Château de Vyle, rue du ruisseau.
Vyle-Tharoul
Vyle-et-Tharoul, petit village blotti le long de la Vyle tient son nom des deux entités distinctes qui le composent. La première était au départ un village agricole organisé autour de son château, la ferme castrale, quelques belles fermes en carré et l’église. La deuxième est davantage un hameau où se dresse le château des seigneurs locaux. Les seigneuries de Vyle et de Tharoul étaient donc également distinctes, vassales du comté de Fauquemont appartenant au duché du Brabant pour l’un, tandis que l’autre dépendait directement de la Principauté de Liège. L’étymologie de Vyle découlerait de villa, et suggérerait l’existence d’une demeure romaine durant l’Antiquité tardive, sans toutefois qu’aucune trace archéologique ne l’atteste. Vyle est aussi le nom du ruisseau qui court jusqu’à la rivière Hoyoux et le long duquel les habitations se sont progressivement installées. Vyle apparait pour la première fois dans les chartes de Lothaire II en 862 et indique que le domaine appartenait au très puissant ordre bénédictin de Stavelot-Malmedy, qui installa une paroisse dédiée à Saint Martin et fit construire au 12ème siècle une petite église romane. Son chœur était encore visible jusqu’au milieu du 19ème siècle avant que les travaux d’agrandissement du château ne le fasse disparaître. Il fut remplacé par l’église actuelle dans laquelle nous pouvons encore admirer un très beau patrimoine comme la Vierge du 17ème siècle de l’atelier de Jean Del Cour ou le saint Fiacre du Maître Balthazar du 16ème siècle. Le château appartenait à la noblesse locale dont nous trouvons une première mention au 13ème siècle : un chevalier seigneur de Vyle, en la personne de Fastré de Hemricourt. Les seigneurs s’y succédèrent. Le domaine passera à la famille d’Eve au 16ème siècle. De maison forte moyenâgeuse, ils transformèrent progressivement leur demeure en château accolé à une très belle ferme castrale confortable dans le style local au 18ème et 19ème siècle. Longtemps laissé à l’abandon durant le 20ème, le château a été fortement rénové en 2021 pour accueillir plusieurs appartements. Quant à l’ancienne ferme castrale, elle a été acquise par un groupe d’amis bien décidés à la transformer en habitat partagé aménagé pour pouvoir y passer une retraite paisible et confortable. De l’époque faste du château, on peut toujours admirer les arbres remarquables de part et d’autre de la route.
Au 20ème siècle, la vie du village s’est de plus en plus tournée vers son club de football, sa fête de la ruralité et sa convivialité. Grâce à la richesse de son sol, elle a aussi vu se développer les carrières de pierre calcaire, des fours à chaux et l’extraction d’un argile très particulier, la derle, utilisée dans l’artisanat des pipes et l’industrie de la céramique à Andenne. L’arrivée de travailleurs nécessaires à toute cette activité a entraîné la naissance d’un nouveau quartier, Les Arcis, en contrebas du village.

L’ancien relais de Vyle
La cabane de Chantal et Brice
La ferme des Pôt’Âgés
Eglise Saint-Martin
La Vyle
Le four à pain chez Michèle et Philippe

Le jardin des Daines
La remise d’Eloïse
La petite maison de Joëlle
La yourte de Véronique
Chez Anne
Chez Tania

La buvette
RFC Vyle-Tharoul
C’est dans le quartier des Arcis qu’est né ce club insolite à bien des égards. « En 1956, un événement anodin pour le commun des mortels, mais qui allait marquer l’atmosphère vyloise pour plusieurs décennies, est en train d’éclore : le Football Club de Vyle-Tharoul est admis à l’Union Belge. A dater de ce jour, le village danse sur un nouveau rythme, entraînant dans cette valse bien plus que la passion du ballon rond. Nul doute que les « Arciens » autour de Victor Vandenrijt, ouvriers aux tôleries pour la plupart, ne pouvaient soupçonner la portée qu’aurait, pendant plus de 50 ans, leur premier shot sur le terrain. (…) Durant les cinq dernières décennies, la buvette du foot a été le décor de ripailles, libations, discussions et autres chaleureuses rencontres. Demandez à un Vylois de parler de son village, et c’est l’histoire qui émerge en guise de réponse. Osez évoquer devant lui un fantomatique Vyle-Tharoul sans club de foot, et c’est le spectre d’un village sans âme qui plane dans l’esprit attristé du Vylois. (…) Or, le plus inattendu dans cette affaire, c’est la façon dont le club a suscité le soutien à la quasi unanimité. Pourtant, ce n’était pas gagné d’avance ! Les pionniers du FC Vyle n’ont pas toujours évolué sur un terrain favorable. Imaginez-vous un beau diable sorti de l’ombre, agitant d’une main la bannière des Arcis et, de l’autre, un drapeau quelque peu rougeoyant, narguant l’imperturbable clocher flanqué du château et de sa ferme. (…) Toujours est-il que les Vylois ne peuvent que se réjouir de l’heureux dénouement car, avec lui, c’est tout un esprit qui restera le propre du club : pour l’amour du sport, pour l’envie de voir les jeunes « coqs » vylois arborer les couleurs d’un village uni, les susceptibilités ont été ménagées dans toute la finesse d’un compromis subtil. Une alliance entre des hommes de convictions différentes, hommes intègres aux personnalités bien assises, ayant appris, dans les mines ou dans les champs, à l’usine ou à l’étable, le sens de l’essentiel : la paix du village.»
Sur le plan sportif, après quelques années de disette parfaitement assumées et être passé du noir et blanc au vert et noir, Vyle fut champion, et plutôt deux fois qu’une. Les joies de la montée, les derbys enflammés et parfois, les affres de la relégation. Le FC Vyle allait faire parler de lui plus souvent qu’à son tour.
« Les années sont passées. Sont passés des joueurs. Sont partis des comitards, en sont venus d’autres. Et toujours est resté ce groupe hétérogènes de supporters unis l’espace d’un match, d’un verre, … d’un championnat, à l’ombre de la buvette, dans un recoin du village … »
Extraits de « Ciel, Vyle-Tharoul ! Miroir d’une vie en Condroz », Marie-Eve Maréchal. Edité par le Centre culturel de Marchin, juin 2001.
Rocher du Vieux Château et Pont-de-Bonne
Face à vous, le Rocher du Vieux Château. Il domine le hameau de Pont-de-Bonne et, du haut d’un piton rocheux, surplombe à pic la route de Huy à Stavelot. Le Rocher du Vieux Château commande les vertigineuses dépressions creusées par le Hoyoux et ses deux affluents, la Bonne et la Vyle. A l’initiative de la commune de Modave, il a été mis en valeur tant sur le plan naturaliste qu’historique. Des pelouses sur calcaire s’étendent sur le plateau alors que, surplombant le Hoyoux, de très beaux rochers accueillent des espèces de plantes assez rares. Le site offre, en outre, l’un ou l’autre très beaux points de vue sur la vallée.
Cet éperon, aux versants abruptes sur trois de ses côtés, a bien entendu constitué un endroit stratégique. Avant la conquête romaine du 1er siècle avant JC, une imposante fortification y a été construite par les Condruses de manière à protéger ce plateau isolé sur le côté le plus vulnérable. Après le délaissement du murus gallicus, il faut attendre près de mille ans pour que s’ouvre sur le site un nouveau chapitre stratégique. Ce qui s’est passé pendant ce long intervalle ne nous est pas connu. A la fin de la période carolingienne, de nouvelles fortifications s’élèvent. Par la suite, abandonnées sans avoir été détruites dès le 9ème et 10ème siècle (les fragments de mobilier retrouvés n’étant pas postérieurs), les fortifications médiévales ont résisté grâce à leur solidité et à leur enfouissement, tout en procurant un couvercle protecteur à celles de l’époque gauloise.
De nombreuses fouilles, mettant à jour d’intéressants vestiges, y ont été menées. Les fondations d’une petite église carolingienne du 10ème siècle ont été mises à jour en 2019 par des archéologues de l’ULiège.
Sources : Natagora, lepassebelge.blog et Delye E. (dir.), 2016. Les fortifications celtique et carolingienne du « Rocher du Vieux-Château » à Pont-de-Bonne (Modave, Belgique), Bulletin du Cercle archéologique Hesbaye- Condroz, XXXII, 168 p.