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GPS

50.48476, 5.24117

Poudingue

Une forêt sur un trésor minéral

En pénétrant dans cette forêt, pouvez-vous imaginer qu'il y a 250 ans, elle fut complètement rasée pour la production de charbon de bois, et que s'y activaient des carriers, afin d'extraire une pierre spécifique à cette portion de Marchin : le poudingue, aussi appelé la "Pierre du Diable". Les deux ressources étaient destinées à la sidérurgie. Le poudingue est une roche sédimentaire compacte où sont mélangés des éléments grossiers, en forme de galets, pris dans un ciment naturel, le plus souvent du grès. Cette pierre extrêmement dure a été utilisée pour construire le creuset des hauts-fourneaux jusqu'au début du 20ème siècle, car elle a comme particularité d'être réfractaire, elle conserve donc très bien la chaleur, ce qui améliore la rentabilité des fours. Par ailleurs, on la retrouve également dans le bâti ancien dans les quartiers du Fourneau et jusque Belle-Maison.

Du 15ème à la fin du 19ème siècle, près des trois-quarts de la forêt wallonne ont été alloués à la fabrication de charbon de bois provoquant la première grande déforestation de l'histoire humaine. Pour produire une tonne de fonte, les fourneaux brûlaient deux tonnes de bois raffiné en charbon. Partout dans le Bois Sandron, des fauldes avaient été aménagées. Il s'agissait de sortes de meules, tas de bûches qui cuisaient le bois à l’étouffée. Les charbonniers, qui fabriquaient ce précieux combustible, étaient des hommes et des femmes nomades, se déplaçant en même temps qu'ils exploitaient la forêt. Vivant terrés dans les bois, ils étaient en marge de la société, suscitaient de la méfiance et alimentaient les fantasmes tout comme les mineurs et les carriers qui ne bénéficiaient d'aucune protection sociale. Le travail, dans des conditions extrêmes de chaleur, en contact direct avec le feu, était considéré comme une basse tâche. Leur main d'œuvre était donc très faiblement valorisée. Ce sont principalement les maîtres des forges qui s'enrichissaient grâce à cette activité. Provenant des familles bourgeoises et aristocratiques, ils possédaient les terres, les fourneaux et les moulins.