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GPS

50.48082, 5.25011

Jardin communal

En 2012, l'asbl Kachinas, fondée par deux jeunes Marchinois nouvellement installés, a interpellé la Commune pour la création d'un jardin communautaire où se transmettrait et se réinventerait les savoir-faire maraîchers et le soin porté aux animaux, au cœur du quartier du Fourneau. Ce projet fut positivement accueilli par Marchin, qui a mis à disposition ces deux prairies pour y créer ce lieu où art et nature se côtoient. Un potager collectif, un verger conservatoire et une bergerie y ont été installés en dialogue avec des œuvres du Chemin des sculptures, à deux pas de l'école communale de la Vallée et de l'atelier de gravure OYOU. Si l'asbl a été dissoute en 2021, la commune et des riverains continuent à entretenir le lieu et les liens qui peuvent s'y créer. 

La suite du chemin de sculptures...

3. Olivier Bovy (1979, vit et travaille à Liège)

Sons de cloches, installation sonore, 2018
Œuvre installée sur le site du jardin partagé communal, Fond du Fourneau
Avec la collaboration de l’asbl Kachinas 
Avec le soutien de la Fondation Marie-Louise Jacques et de la Commission des arts du Ministère de la Région Wallonne

L’œuvre est composée de deux cloches en bronze et d’éléments en chêne. Les deux cloches sont distantes de 10 mètres, suspendues à 3,5 mètres de hauteur grâce à un réseau de câbles en acier. Une corde munie d’une tige amovible permet de les actionner. En complément, trois cloches sont réalisées pour les moutons du jardin, leurs notes jouent sur les harmoniques des deux grandes cloches.
Le discours humaniste, le caractère sonore et participatif, l’expérience de réalisation d’œuvres en extérieur, l’universalité du propos ont fait partie des critères du choix de l’artiste.

La symbolique de la cloche est solidement ancrée dans notre histoire et notre culture, mais elle est également présente dans de nombreux autres pays, semblant relever d’un caractère universel. Beaucoup de pays utilisent la cloche pour commémorer des événements liés à leur histoire. Citons par exemple, la cloche de la paix à New York. Cette cloche, offerte par le Japon, est un symbole de paix des Nations Unies. On la fait tinter le 21 septembre, le jour où s’ouvre la session annuelle de l’Assemblée générale des Nations Unies et qui correspond également à la Journée internationale de la paix. Sons de cloches propose de fonctionner à l’instar des cloches de la paix et de sonner annuellement à l’occasion d’une fête sur le site.

François Thoreau, animateur de Kachinas, ajoute : « Une cloche, c’est un objet cosmique par excellence. C’est elle qui rassemble les villageois, et qui les protège contre les périls. Un des pouvoirs de la cloche, dit-on, est de repousser les forces adverses. C’est elle aussi qui marque les temporalités. Une cloche, c’est un repère dans le paysage qui peuple les lieux encore différemment que les arbres et les animaux. Les grandes cloches marqueraient une certaine permanence. Les petites accompagneraient le troupeau de moutons, avec ses naissances, ses décès, la vie. Leurs tintements viendraient se mêler aux chants des oiseaux, au bruissement du vent qui caresse les meules de foin et se faufile entre les tuteurs de haricots. »

4. Emmanuel Bayon, alias Manu Tention (1988, vit et travaille sur les routes)

Où va le vent ?, sculpture-girouette, techniques mixtes (découpe manuelle et laser, soudure et assemblage, acier peint, cuivre, inox), 2018
Œuvre installée sur le site du jardin communal, Fond du Fourneau
Emmanuel Bayon est chirurgien urbain, panseur d’espace, soigneur de rue, constructeur, discret restaurateur, inventeur salutaire... Il intervient partout où l’espace public présente des blessures, des manques, des cicatrices non refermées, des trous, des structures cassées. Il agit à la manière d’un secouriste de la Croix-Rouge et répare – au sens premier du terme – les bobos de la ville. Son côté interventionniste montre du doigt ce qui ne va pas dans notre quotidien, dans notre urbanisme, tout en proposant des « sculptures », structures utiles teintées de rouge, réelles œuvres d’art urbain.

La création de cette sculpture-girouette est une réponse à la question migratoire (la découpe en cuivre représente le territoire de la Côte d’Opale et la découpe en acier peint en rouge la frontière franco-italienne) : « Née au gré des vents, du Sud au Nord, longeant la frontière franco-italienne, elle se découpe comme la crête des montagnes. Elle se dresse dans un cheminement déséquilibré, tantôt frontière, tantôt trajectoire. Elle existe mentalement, son tracé est comme le vent, impalpable. Elle existe physiquement, comme le vent, piquant. Basée sur un déséquilibre qui tend à se stabiliser, elle nous indique les directions. Quelles directions ? Où seront les futurs pas ? Certainement aux quatre vents, soufflant parfois une brume d’Opale. »

François Thoreau précise : La frontière italo-française est un des points d’inflammation de la politique migratoire européenne. Les directives européennes prévoient de renvoyer les migrants en situation illégale dans le pays où ils ont accosté en premier, principalement le Portugal, l’Espagne, l’Italie et la Grèce. Nombreux sont ceux qui, ayant gagné le Vieux continent, cherchent à y poursuivre leur périple. Ceux arrivés en Italie entament parfois une périlleuse traversée des Alpes pour rejoindre la France. Là, ils arrivent dans la vallée de la Roja où de nombreux collectifs se sont constitués pour les héberger et tenter de leur procurer un statut de réfugiés politiques ou des titres de séjour. Les migrants qui se font attraper par la préfecture de Nice sont renvoyés en Italie, où rien ne les empêche de tenter leur chance à nouveau. C’est ainsi que la frontière dessinée par Manu Tention est le lieu d’un carrousel sans fin. 

5. Chantal Hardy (1956, vit et travaille à Thimister)

StElles, acier Corten, 2010
Œuvre installée sur la pelouse de l'école, Fond du Fourneau

Chantal Hardy enseigne la gravure et la lithographie à l’Académie Royale des Beaux-Arts de Liège. Elle est membre des associations d’artistes « Silence les Dunes », « La Nouvelle Poupée d’Encre », « Impression(s) ».
Inspirée autant par les mégalithes que touchée par les silhouettes de femmes d’ici et d’ailleurs, Chantal Hardy a saisi la parenté de leurs profils pour l’hommage qu’elle rend à l’universalité de la Femme. De là est née son œuvre, constituée au complet de vingt-cinq sculptures, intitulée « StElles », contraction de « stèle » et « Elles ». Toutes semblables mais jamais identiques, ces silhouettes de pierre ou de chair, celtiques ou orientales, antiques ou contemporaines, Chantal Hardy, la lithographe, a incorporé les moyens du sculpteur à son parcours pour les tailler dans l’acier. Les femmes de ses estampes ont ainsi acquis une troisième dimension tout en gardant de leur multiplicité. Face à leurs conditions (in)humaines, ces femmes devenues stèles, figées tant par le matériau de l’artiste que par les diktats des traditions ou le confort paresseux des habitudes, se veulent pourtant vecteur d’émancipation. Au spectateur d’apprécier la réflexion qu’elles imposent, le sacré qu’elles induisent pour partager, avec l’artiste et ses sœurs, pensées et émotions.