^{Estelle Chrétien, Sauvagerie (à gauche) Pantoufles (à droite) © Adagp Paris 2023}

Le travail plastique (photographie et vidéo, performances, installations…) d’Estelle Chrétien se construit au gré de rencontres avec des situations, des événements, des environnements propres à déclencher une envie de créer, une envie de dépasser le cadre du quotidien pour en offrir une relecture, au fil d’associations libres ou d’évidences irrationnelles. Quelque part entre brutalité, naïveté et poésie, ses pièces entretiennent « un dialogue de la matière qui les constitue avec leur forme, dans une tension entre l’usage et l’allusion ». Nourrie d’un rapport fort au monde rural, d’un échange sensible et tangible avec la nature (omniprésente dans ses compositions, essentielle dans sa pratique et sa vision du monde), Estelle Chrétien emprunte des techniques « sans distinction de valeur », apprenant sur le tas et s’appliquant à questionner « comment nous vivons en déformant physiquement des constructions mentales ».

À propos de sa récente recherche intitulée Devenirs paysage, l’artiste précise: « Le mot environnement porte en lui une méprise majeure en insinuant une séparation. Nous serions ainsi détachés, nous ne ferions partie de rien. Je préfère le mot paysage, un paysage est un tout sans limites. Les corps ne sont-ils pas poreux ? Comment prendre part ? Devenirs paysage tente d’enlever les contours entre soi et cet environnement, pour que rien ne soit extérieur. J’essaie, empiriquement, de me rattacher au sol par des gestes, désespérés, dérisoires, poétiques, humoristiques ou puérils, issus d’associations d’idées, d’assemblages. Par cette posture, j’explore des moyens de faire corps commun. »

http://estellechretien.com